Je suis allée à Notre-Dame de Paris pour admirer les nouvelles cloches.
Texte extrait du site www.notredamedeparis2013.com/link
Ce projet est l’un des événements majeurs du 850e anniversaire de Notre-Dame de Paris.
Les quatre cloches de 1856, propriété de l’Etat, ont été déposées le 20 février 2012 et sont désormais entreposées. Un nouvel ensemble, composé de huit nouvelles cloches pour la tour nord et d’un nouveau bourdon pour la tour sud (qui prendra place aux côtés du grand bourdon Emmanuel), est en cours de fabrication. Les cloches seront dévoilées au public le samedi 2 février 2013 afin d’être bénites et sonneront pour la première fois le 23 mars 2013 pour la solennité des Rameaux.
Cet ambitieux projet permettra à la cathédrale Notre-Dame de Paris de retrouver le paysage sonore qu’elle possédait à la fin du XVIIIe siècle, patrimoine campanaire de tout premier ordre qui lui manquait et qui, par le passé, a largement participé à la renommée de l’édifice.
Si le grand bourdon Emmanuel demeure aujourd’hui l’un des plus beaux vases sonores d’Europe, sinon le plus remarquable, comme s’accordent à le dire les campanologues, musiciens et musicologues, il n’en était pas de même pour les quatre cloches de la tour nord installées en 1856 et qui faisaient défaut. Défaut par la mauvaise qualité du métal employé (qui, outre un mauvais rendu acoustique, engendrait une usure importante), défaut par leur nombre, par leurs tailles, par leurs qualités acoustiques (elles n’étaient pas accordées entre elles) et défaut par le manque d’harmonie avec le bourdon avec lequel elles n’étaient pas non plus accordées.
Ce sont donc des raisons musicales et d’utilisation liturgique de cette sonnerie (offices, carillon des heures avec des thèmes appropriés à chaque temps liturgique) qui, en ce XXIe siècle, ont prévalu au choix de la nouvelle composition.
La mise en parallèle avec les éléments historiques (qui sont profusion dans le cas des cloches de Notre-Dame) a voulu que nous nous retrouvions en parfaite adéquation avec la situation de la sonnerie des tours à la veille de sa destruction, à savoir : huit cloches dans la Tour Nord et deux bourdons dans la Tour Sud, ensemble dont la base sera le bourdon Emmanuel. (13,2t "fa" dièse)
Ces choix ont été validés à l’unanimité par la Commission Supérieure des Monuments Historiques.
En outre, l’installation d’un nouveau bourdon dans la Tour Sud, dont Viollet-le-Duc avait d’ailleurs prévu l’emplacement lors de la reconstruction du beffroi en 1845, permettra d’« économiser » le bourdon Emmanuel qui, du haut de ses 330 ans, doit ménager ses sonneries à la volée pour assurer sa pérennité.
C’est donc à travers cette œuvre patrimoniale contemporaine, qui s’inscrira dans la lignée des bâtisseurs de cathédrale à l’instar d’autres projets de ces 850 ans, que le paysage sonore de la fin du XVIIIe siècle pourra se faire entendre à nouveau sur le parvis de la cathédrale.
Suite à appel d’offre, la réalisation :
- des huit cloches de la tour Nord est confiée à fonderie CORNILLE-HAVARD à Villedieu-les-Poêles (département de la Manche),
- celle du bourdon Marie à la fonderie ROYAL EIJSBOUTS (à Asten aux Pays–Bas).
La fabrication des cloches est un travail d’extrême précision afin d’obtenir la sonorité souhaitée. Les décors sont réalisés en relief sur un moule puis le métal en fusion y est introduit, prenant la forme exacte de la cloche.
Le Choix des prénoms des nouvelles cloches rend hommage à des grands saints et des personnalités ayant marqué la vie du diocèse de Paris et de l’Eglise.
Pour la tour Sud :
- Marie pour le petit bourdon, en l’honneur de la Vierge Marie. Nom du premier bourdon de Notre-Dame, fondu en 1378. (6 tonnes de cuivre et d'étain pour un "sol" dièse)
Pour la tour Nord et par ordre de taille décroissant :
- Gabriel, en l’honneur de saint Gabriel, qui annonça la naissance de Jésus à la Vierge Marie. La plus grosse cloche de la Tour Nord portait déjà ce prénom au XVe siècle. (4,1t "la" dièse)
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- Anne-Geneviève ; en l’honneur de sainte Anne, mère de la Vierge-Marie et de sainte Geneviève, patronne de la Ville de Paris. (3,4t "si")
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- Denis, en l’honneur de saint Denis, premier évêque de Paris, vers 250, et patron du diocèse.(2,5t "do" dièse)
- Marcel, en l’honneur de saint Marcel, neuvième évêque de Paris à la fin du IVe siècle. (1,9t "ré" dièse)
- Étienne, en l’honneur de saint Étienne, premier martyr, mais aussi nom de la basilique érigée à partir de 690 à l’emplacement actuel de la cathédrale. (1,5t "fa")
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- Benoît-Joseph, en l’honneur du pape Benoît XVI, Joseph Ratzinger pape depuis 2005. (1,3t "fa" dièse)
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Je pense que ce sont les Clefs de Saint Pierre...
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- Maurice, en mémoire de Maurice de Sully, 72e évêque de Paris, de 1160 à 1196, qui fit entreprendre en 1163 les travaux d’édification de la cathédrale actuelle.(1t "sol" dièse)
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- Jean-Marie, en mémoire du Cardinal Jean- Marie Lustiger, 139e archevêque de Paris, de 1981 à 2005.
- (728K "la" dièse)
cérémonie pour enfants le 5 février, le bourdon Marie.
Les nouvelles cloches le 2 février.
photo Gonzalo Fuentes/Reuters Figaro Magazine 09-02-13
Au premier plan, Gabriel, au loin les orgues que vous pouvez entendre actuellement.
Marie.
Dans le sanctuaire, adossées au pilier sud-est du transept, des fleurs toujours blanches honorent une Vierge à l’Enfant priée sous le vocable de « Notre Dame de Paris ». Dès les origines de la cathédrale au XIIe siècle, un autel dédié à la Vierge fut disposé à cet emplacement.
Cette statue est la plus connue des trente-sept représentations de la Vierge que compte la cathédrale. Sculptée au milieu du XIVe siècle, elle provient de la Chapelle Saint-Aignan située dans l’ancien Cloître des Chanoines sur l’Île de la Cité. Transférée à Notre-Dame en 1818, elle fût d’abord placée au trumeau du Portail de la Vierge en remplacement de la Vierge du XIIIe siècle abattue en 1793. C’est en 1855, au cours de la campagne de restauration de Viollet-le-Duc qu’elle fut installée à son emplacement actuel, emplacement historique puisque dès la fin du XIIe siècle, un autel à la Vierge était élevé au même endroit.
Longue, élégante, assez fortement hanchée, elle porte sur son bras l’Enfant Jésus qui joue avec la boucle de son manteau dont les larges plis retombent avec grâce ; une couronne couvre sa tête.
À peine jolie, mais si bizarre avec son sourire joyeux éclos sur de mélancoliques lèvres ! Aperçue d’un certain côté, elle sourit à Jésus, presque railleuse. Il semble qu’elle attende un mot drôle de l’Enfant pour se décider à rire ; elle est une nouvelle mère, pas encore habituée aux caresses de son fils. Regardée d’un autre point, sous un autre angle, ce sourire, si prêt à s’épanouir s’efface. La bouche se contracte en une apparence de moue et prédit des pleurs. Peut-être qu’en parvenant à empreindre en même temps sur la face de Notre-Dame ces deux sentiments opposés, la quiétude et la crainte, le sculpteur a voulu lui faire traduire à la fois l’allégresse de la Nativité et la douleur prévue du Calvaire.
C’est auprès de cette statue que le poète Paul Claudel se convertit, au cours des Vêpres du jour de Noël 1886, en témoigne une inscription sur le pavement. Dans son oeuvre, il y fait allusion :
C’était le plus sombre jour d’hiver, et la plus noire après-midi de pluie sur paris, les vêpres dans la demi-nuit de Noël, et le chœur au milieu illuminé or et lin et le grand tapis avec cette disposition d’officiants or et linge jusqu’à l’autel, la cérémonie par rapport à moi latérale et l’allumage de ce peuple blanc qui chante et qui accomplit quelque chose dans le temps réel.
J’étais moi debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et JE CRUS. Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable.
La Vierge à l’Enfant priée sous le vocable de « Notre Dame de Paris » à droite.